Jeff Bezos, un acteur du monde la presse.

Aujourd’hui, mardi 10 décembre 2019, un doute étrange plane dans l’air du journalisme de presse écrite. Jeff Bezos, patron d’Amazon, vient de racheter le Washington Post à la famille Graham.

Jeff Bezos, 1re fortune mondiale, vient d’acquérir l’hebdomadaire américain célèbre pour ses scoops sur le Watergate ou sur l’affaire Prism, le Washington Post pour 250 millions de dollars. Ce rachat fait déjà beaucoup réagir le monde, pourtant est ce vraiment un mal pour le monde de la presse?

Beaucoup de gens ont réagi à cette nouvelle, les critiques positives comme négatives s’accumulent. Certains dénoncent le côté trop politisé de Bezos et ont peur de voir ce journal qui a marqué les esprits, devenir la vitrine de cet homme jugé trop influent par certain. Là où d’autres saluent cette action qu’ils estiment nécessaire quant à la bonne évolution de la presse en général. 

Quand on se penche sur le Washington Post, on remarque que depuis plusieurs années, il est en déroute. Chaque année, son déficit augmente, si bien qu’en 2013, il atteint les 54 millions de dollars de perte nette. Ce n’est pas tant de la faute de sa ligne éditorial qui a perdu de sa superbe, mais c’est surtout à cause du changement de consommation d’actualités de leur public, et même de tous les lecteurs du monde. Nombre d’entre nous se tourne dorénavant sur l’information numérique. 

Il est de plus en plus rare de croiser des passants avec un journal sous le bras, et aujourd’hui les seuls magazines que l’on reçoit dans notre boite aux lettres sont des magazines de pub et de promotions. Jeff Bezos, représentant du nouveau monde, qui a révolutionné le commerce en ligne avec Amazon, mise sur l’avenir en rachetant ce représentant d’un ancien monde où l’actualité était dicté par les unes de journaux influents. Avec l’arrivée d’Internet, l’actualité est si rapide que la presse écrite se retrouve tout simplement dépassée.

Quel est l’avenir annoncé par Bezos pour le Post? Un avenir derrière un écran.

Il ne sera pas seul sur le web, il sera entouré d’autre grands noms de l’ancien monde. Si on prend l’exemple de NewsWeek, le journal a annoncé qu’il arrêterait de vendre des journaux, mais qu’il commencerait à vendre des abonnements numériques. Une fois de plus, cette annonce a été mal vécue par de nombreux Américains car c’est une page qui se tourne. Si vous voulait, la presse écrite était une excellente série qui enchainée les saisons avec des épisodes des plus réussis, mais une bonne série finie toujours par s’essoufflait, par lassée ses spectateurs et il faut savoir y mettre un terme. Ou la reboot, la rendre plus actuelle. Et bien, c’est exactement ce qu’il se passe dans le monde de la presse, un reboot général au format plus actuel, les scoops ne sont plus racontés par des crieurs public, mais par des notifications. Nous ne parlons pas d’une confrontation entre deux mondes, nous parlons de l’évolution du genre. 

Comme l’a dit la rédactrice en chef de Newsweek : “abandonner le print est un moment extrêmement difficile pour nous tous qui aimons l’aspect romantique du papier et l’unique camaraderie hebdomadaire rythmée par ces moments chaotiques qui précèdent le bouclage du vendredi soir”. “Mais alors que nous nous apprêtons à fêter notre 80ème anniversaire, nous devons soutenir le journalisme qui donne vie à ce magazine et accueillir notre futur tout numérique à bras ouverts ».

De plus en plus de journaux, essayent de trouver leur second souffle sur le web et cherchent à ratisser un public plus large. Même en France, des magazines connus pour leur pertinence comme Le Monde, l’Obs etc, se sont lancés sur le web. 

Mais le problème du web et peut être même de notre société, c’est qu’il faut que ça aille vite. L’actualité n’attend plus et les risques de se brûler face aux scoops sont grands. Quand on se plonge dans les articles numériques, on remarque que nombre d’entre eux sont vides et pas vraiment intéressants. Les informations présentées dans le titre sont souvent répétées dans le sous-titre et dans le paragraphe qui suit de façon paraphrasé. Quant aux articles de « qualité » partagés sur les réseaux sociaux, on peut voir que beaucoup d’entre nous ne lisent que les titres et se font une idée de l’article en une phrase. 

Et le problème est là, le manque de visibilité des articles à cause de la fainéantise humaine générée par les réseaux sociaux, qui avec leur feed infini nous poussent à scroll de plus en plus bas. Alors oui, c’est peut être la mort des géants du print, mais à l’instar du phoenix va t-il renaitre de ses cendres plus frais, plus neuf ou justement plus bâclé qu’avant ? 

Jeff Bezos Press Washington Post

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